著者: samuel veyre 日付: To: ML Guilde 題目: Chiffrement sur smartphone
Aujourd'hui, dans le tramway. Je me lève pour m'approcher de la porte
car je compte descendre à l’arrêt suivant. A côté de moi, une vieille
dame attend également devant la porte. Assis non loin de nous, un
homme discute fort au téléphone. Cet homme semblait agacer la vieille
dame car je l'entendis marmonner "Il va pas arrêter LUI avec son
téléphone". Ce n'est pourtant pas la première personne à parler au
téléphone dans un transport en commun. De nos jours, c'est assez
banal. Pourquoi cette dame était-elle autant agacée ? Elle se remit à
marmonner à nouveau "Pffff ! C'est çà la France !!!" Je compris alors
que ce qui agaçait la dame était probablement la peau très foncée du
monsieur et sa conversation dans une langue exotique inconnue.
Cette petite scéne de racisme ordinaire et décontracté m'a tellement
sidéré que je suis resté sans réaction. Quand j'ai pu reprendre mes
esprits un peu plus tard, j'aurais tant voulu rappeller à cette dame
que le monsieur à la peau noire parlait probablement AUSSI le français
(la culture, çà s'empile, çà ne s'annule pas). J'aurais aussi voulu
rappeler à la dame que, de toute façon, ce n'est pas trés poli
d'écouter les conversations privées des gens (ma maman m'a toujours
dit qu'il ne fallait pas écouter aux portes). Donc que la conversation
soit en français ou en langue étrangère, çà ne la regarde pas.
Mais j'avais tout de meme un point commun avec cette dame. Ce "noir"
m'agaçait aussi !!! Mais il m'agaçait pour des raisons de geek jaloux
: quelle chance il avait ce type de parler sur un smartphone en
protégeant sa vie privée des multinationales et des états sans avoir
besoin d'installer aucun système de chiffrement, sans avoir besoin
d'installer aucune appli, sans avoir besoin de coder une seule ligne
de code. Pourquoi on n'enseigne pas des langues africaines inconnues
dans les écoles d'informatique ? Quel veinard ce type !
Le geek jaloux et la dame agacée descendirent du tram. Leurs routes se
séparèrent mais ils finirent probablement leur journée avec le meme
sentiment d'agacement au fond du coeur.