si une boite me demande de développer une application et que
> dans cette application j'utilise du code " libre ".
> si je comprend bien si le libre en question est du BSD pas de
> souci.
Pas de soucis ? Pas de soucis ?... C'est vite dit. Pas de soucis
effectivement d'un point de vue strictement technique et légal. Mais dans
une vision plus globale et à plus long terme, je vois personnellement un
soucis à BSD. Qui voudra publier du code BSD qui ne profite financièrement
que aux autres ? (je qualifie cela de "Vampirisation"). Le vivier de code
BSD risque de fondre comme neige au seil. BSD, c'est de la charité alors que
GPL, c'est de la solidarité. C'est une nuance importante. GPL réclame une
réciprocité, un échange. Cet échange n'est pas forcément direct, pas
forcément financier, c'est un echange qui dit simplement : si un jour t'es
dans la merde et que tu cherches un bout de code pour t'aider à faire une
fonctionnalité, prend le mien. Mais si tu décides ensuite de modifier mon
code, je dois alors avoir le droit d'étre remercié de t'avoir fait la
courte-échelle et tu dois donc me tirer à ton tour à ton niveau (en
partageant à ton tour ton code si je suis moi aussi un jour dans la merde).
Les partisans de BSD pensent qu'il est normal d'avoir le droit de manger à
tous les rateliers, qu'il est possible d'avoir le beurre et l'argent du
beurre... un peu comme la philosophie de notre président de la république
qui, pour sortir les banques de leur crise, applique le vieux principe de
"sociabiliser les pertes mais privatiser les profits".
Donc oui pour du "terre-à-terre" mais attention peut-étre à ne pas glisser
vers de l'hypocrisie sournoise.
... oulala j'ai laché un méchant troll ! (Aï ! je vais avoir un retour de
manivelle, j'aurais encore peut-étre du tourner 7 fois mes mains autour de
mon clavier avant d'écrire cet e-mail !)
> Par contre si c'est du GPL , qu'est ce que ça a comme conséquence
> ?
>
> L'application finale est du GPL ? Qu'est ce que ça veut dire ? Il
> faut publier le code source ?
Oui ! ... tu perds alors une partie de ton pouvoir sur ton code (tu ne
conserves que des droits moraux mais tu n'as plus le monopole de la
diffusion économique de ton code. Quelqu'un peut par exemple trés bien faire
commerce de ton propre code. A toi de bien estimer ta valeur et d'estimer
alors en conséquence ton tarif auprès de ton client dès le départ avant la
publication GPL, ... . Le modèle économique de la GPL, c'est l'économie du
service. Tu es payé pour ton travail pas pour l'objet ou la rente de ton
travail. Une fois que l'objet est produit, il devient public, commun à tous.
> C'est une application interne qui ne tourne que sur les deux ou
> trois bécanes de la boite et n'est pas destinée à être distribuée.
> Le code source, si tu fais partie de la boite tu peux le voir,
> mais par contre il n'est pas distribué ( d'ailleurs si on veut le
> distribuer il faut savoir où ). Si c'est pas distribué, c'est
> illégal ?
Je crois que la GPL n'oblige à publier le code global de l'application que
en cas de diffusion du logiciel. Pour un usage strictement interne, je crois
que tu peux incorporer de la GPL à du code propriétaire comme pour une
licence BSD (...mais à vérifier)
Mais cette tolérance acceptée par la GPL a été détournée et abusée. Le FAI
"Free" a d'ailleurs actuellement un procés sur le dos pour non-conformité de
sa Freebox à la GPL. La freebox utilise de la GPL mais ne publie pas les
sources des modifications... Ils estiment le plus serieusement du monde que
le code reste "interne" car la freebox n'est que loué et non pas vendu au
client. Il n'y aurait donc pas de "diffusion" selon eux.
http://www.ecrans.fr/La-Freebox-au-tribunal,5780.html
Pour palier à ces abus, la FSF (qui s'occupe de la GPL) a créé une nouvelle
licence GPL qui s'appelle Affero GPL :
http://www.gnu.org/licenses/agpl.html
il n'est pas interdit de prendre un programme sous licence GPL, construire
sur cette base un programme qui soit œuvre dérivée, et utiliser ce programme
pour son propre besoin, y compris en le déployant au sein de son
organisation, sans pour autant en diffuser les sources. De la même manière,
il n'est pas interdit d'offrir un service accessible sur l'Internet, qui
soit construit avec cette œuvre dérivée, sans pour autant en diffuser les
sources, car cet usage n'est pas une distribution.
Avec la montée en puissance des offres de services hébergés, de type
Software as a Service (SaaS), ce type d'usage risque de s'étendre. Or à bien
y réfléchir, rendre le programme accessible directement à ses utilisateurs
finaux au travers de l'Internet, est bel et bien une manière d'interdire
l'accès aux sources, tout en faisant une exploitation le plus souvent
commerciale, qui s'apparente à une distribution.
C'est pour répondre à ce risque de contournement que la société Affero a
créé, en coordination avec la FSF, la licence AGPL ou Affero GPL. Elle est
identique à la GPL, mais ajoute un article qui dit que si le programme
initial permettait un accès par le réseau et diffusait ses sources par le
réseau, alors le programme dérivé doit en faire de même.
> Qui risque quelquechose ? La boite ou moi ( sous traitant) ?? ça
> devient compliqué !!
>
Pour aller planner dans les sphères de la planète GNU :
http://www.gnu.org/licenses/
Samuel
>
> samuel veyre wrote:
>
>>
>>
>> 2008/12/2 Rene Levantinh <visual@??? <mailto:
>> visual@???>>
>>
>>
>> concrètement, je n'ai pas très bien compris la différence
>> entre libre et GPL
>>
>> Il y a deux grandes familles de licences : GPL(copyleft) et BSD. Ces
>> familles sont toutes les deux "libres" dans le sens où elles respectent bien
>> les fameuses 4 libertés originelles de la définition du "Logiciel libre"
>> (1/liberté d'utiliser 2/liberté d'étudier le code source 3/liberté de copier
>> 4/liberté de modifier). Il y a donc un socle de liberté commun.
>>
>> La polémique porte en fait sur l'intensité et la puissance de la liberté :
>> qui est vraiment le plus libre entre BSD et GPL ? ... Bref, qui a la plus
>> grosse quoi ! :-)
>>
>> Les partisans de BSD pensent que la liberté est la valeur suprème
>> (...voire unique). Leur code BSD a le droit d'aller se promener partout. Ils
>> trouvent ainsi naturel de pouvoir mélanger leur leur code BSD avec du code
>> propriétaire ...alors que leurs opposants y voient au contraire un risque de
>> "noyer" le code libre ou "se faire vampiriser" son code libre par du code
>> propriétaire. La BSD, c'est un peu une philosophie à la sauce "libéralisme
>> économique" ou "à l'américaine". Mais on sait que cette vision de la liberté
>> va jusqu'à permettre à n'importe quel particulier d'acheter "librement" une
>> arme à feu par exemple...
>>
>> Les partisans de la GPL(copyleft) pensent eux que la liberté est une
>> valeur inséparable d'autres valeurs comme l'égalité. Cette égalité est
>> garantie par une réciprocité de liberté. On ne peut piocher dans un code GPL
>> que si on le laisse ensuite sous la meme licence et qu'on continue ainsi
>> d'autoriser à notre tour le don de nos modifications. La GPL introduit donc
>> un soucis d'égalité qui vient attenuer et canaliser la liberté. On gagne
>> ainsi en cohésion sociale et en solidarité communautaire, ce que l'on perd
>> un peu en liberté (...ou liberalisme ?). On est dans une vision "à
>> l'européenne". Il y a donc une forme de contrainte mais qui permet un
>> eco-sytéme garantissant à long terme la pereinité de la liberté pour tous.
>> Bref, la GPL, c'est un peu moins de liberté à court terme mais pour une
>> liberté éternelle pour tous !
>>
>> Richard STALLMAN démarre ses conférences par "Je définie le logiciel libre
>> par 3 mots : liberté, égalité, fraternité"... J'ai cependant toujours trouvé
>> ambigue ou incomplet son usage de l'expression "logiciel libre" alors meme
>> que dans sa définition il y ajoute l'égalité et la fraternité. C'est un peu
>> comme dire qu'un drapeau bleu est un drapeau avec les couleurs bleu, blanc
>> et rouge. Il y a un truc qui me titille...
>>
>> J'espère avoir pu participer au débroussaillage de ce troll
>> politico-philosophique.
>>
>> Samuel
>>
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