Olivier Allard-Jacquin a écrit :
> Bonjour Aimé
>
> Aimé Vareille a écrit :
>
>> Je souhaite que les échanges de la liste restent techniques et pas
>> philosophiques ; dans la dispute pour l'exposé technique sur le vote
>> électronique j'avais déjà du expliquer comment je voyais une instance
>> informatique de l'injonction de Socrate "connais-toi toi-même" dépassant
>> les dispositifs actuels de sondages :
>>
>> " Pour expliquer les choses autrement je verrais bien un clone
>> comportemental virtuel de moi-même programmé pour fonctionner avec ma
>> logique, ma sensibilité et mon contexte socio-culturel susceptible de
>> m'expliquer comment je vais voter et pourquoi.
>> Je ne sais pas si ça va à l'encontre de toute déontologie mais ça me
>> semble de plus en plus possible surtout quand écoute les analyses de
>> résultats sur la base des contextes sociaux par tranche d'âges. Pour
>> vous dire que ce risque là vaut peut-être aussi la peine d'être évoqué. "
>>
>> D'une certaine façon, la faisabilité de clones comportementaux qui
>> accompagneraient nos activités relève de l'autonomic computing.
>>
>
> Attends, si je comprend bien ce que tu veux dire, c'est qu'il serait
> possible de modéliser le comportement des utilisateurs ? En se basant
> sur des critères issues de statistiques ?
>
> Je ne pense pas que ce soit réaliste. Souviens toi de 2002, et des
> résultats du 1er tour de l'élection présidentiel. Le candidat d'extrême
> droit s'est trouvé en 2nd position pour le 2nd tour. A l'époque, les
> organismes de sondages, qui n'avaient rien vu venir, avaient tous sorti
> cette excuse :
> "Nos statistiques sont fausses, car les personnes que nous avons sondés
> ne nous ont pas révélé leur vrai intentions de vote".
>
> Et oui, le problème, c'est que si l'échantillon représentatif ment
> volontairement (dans ce cas précis, les votants pour le candidat
> d'extrême droite n'ont pas donné leur consigne de vote), alors les
> statistiques sont forcément fausses. Les instituts de sondage ont bien
> des "facteurs de corrections" afin de pondérer les résultats. Mais
> lorsque ceux-ci atteignent 50%, les statistiques ne veulent plus rien dire.
>
> J'ajoute que pour les élections présidentielles de 2002 et 2007,
> j'avais trouvé des sites webs qui proposaient de m'indiquer quel
> candidat se rapprochait le plus de mes aspirations. Pour cela, je devais
> répondre à une vingtaines de questions. Evidemment, les résultats
> proposés ont toujours été complètement différents de mes votes...
>
> Ceci étant, cela m'amuserait pas mal d'être confronté à un de ces
> "clone comportemental virtuel de moi-même". Je pense que les résultats
> n'en finiraient pas de me faire rire.
>
> La liberté, c'est aussi celle de ne pas accepter d'être "catégorisé"
> dans des schémas pré-définis...
>
> Cordialement,
>
> Olivier
>
Il y a plusieurs façons de capter des comportements, l'analyse
statistique n'en est qu'une parmi d'autres.
En technologie, pour maîtriser des procédés complexes de fabrication, on
a inventé les plans d'expérience qui sont, en fait, une méthode pour
faire à peu près n'importe quoi de façon organisée : en ayant balayé la
tendance des paramètres clés d'un procédé on cherche une convergence sur
un procédé stable conduisant à des résultats satisfaisants.
Les plans d'expériences sont rassurants pour les responsables de
filières parce qu'on maîtrise relativement le temps au bout duquel on
trouve des points de fonctionnements satisfaisants ; par contre il est
difficile de prédire au bout de combien de temps des physiso-chimistes
seraient parvenus à comprendre et maîtriser le procédé. Les équipes qui
ont la compréhension physico-chimique ont normalement un avantage ; cet
avantage est souvent méconnu parce que les adeptes des plans
d'expériences sont très souvent peu compétents en physico-chimie : c'est
comme ça qu'il y a eu pas mal de pertes de compétences en
micro-lithographie en particulier sur le bassin grenoblois.
On peut donc, en plus des statistiques, imaginer des plans d'expériences
autour des paramètres qui influent sur nos comportements.
Bref, il n'y a pas que les statistiques pour capter des comportements et
faire ce qui ne relève plus tout à fait du sondage mais de la prédiction
de réaction (vote, actions répréhensibles ou vertueuses ...).
Cordialement
Aimé