Michel.Rix écrivait :
> Patrice Karatchentzeff wrote:
[...]
> > Totalement utopique...
>
> Mais pas récent.
Je ne dis pas...
> Je ne m'étais pas connecté depuis 4 ou 5 ans;
>
> <<
> Conclusion :
> Le projet F-CPU était au départ une utopie avouée et un peu
> maladroite. Son esprit libertaire a cependant catalysé les efforts
> de nombreux hobbyistes et passionnés qui se sont rassemblés avec
> succès lors d'opérations ponctuelles, comme lors des réunions ou du
> dépôt de la marque à l'INPI. Il est incontestable que ce projet,
> comme les initiatives similaires, a un très fort potentiel car il
> correspond aux besoins de la plupart des utilisateurs d'ordinateurs.
Non : c'est faux. Le but inavoué du fcpu est de proposer une
alternative aux x86 pour faire un hard totalement libre. Hormis le
fait qu'un ordinateur n'est pas composé que du processeur - même s'il
existe des cartes mères « libres », c'est totalement aberrant.
Pour cela, il faut comprendre un truc : la microélectronique est une
industrie manufacturée hors de prix. Hors, le LL ne fonctionne que
parce que le coût de fabrication est nulle (le temps du développeur)
et que le coût de distribution est quasi-nulle (le réseau).
Hors, un cpu ou en général une puce, c'est un autre monde.
Premièrement, pour mener à bien la partie de CAO de la bête, il
n'existe vraiment que des logiciels propriétaires. Admettons - et
c'est en partie le cas - qu'ils soient donnés par les auteurs (le prix
de la licence de ces machins tournent sans problème autours des
100 000 dollars par an pour les moins chers - et jusqu'à un million de
dollars pour les plus cher - par cpu, par machine et par partie de
logiciel (il en faut une bonne douzaine pour arriver au bout).
Ensuite, il faut des grosses bêtes de courses pour designer la puce,
la valider, la router, etc. Admettons encore que cela ne coûte rien
par dons.
Admettons encore que la puce soit réalisée ainsi - et qu'elle ait une
performance potable, on verra plus bas pourquoi c'est quasi
impossible -, il faut ensuite l'envoyer à un fondeur.
1) cela suppose que la puce ait été réalisée dans la techno du
fondeur pour que cela soit possible (et donc que le fondeur ait
donnée les specs...). Cela réduit l'ouverture - la liberté - de la
puce libre à... un seul fondeur.
2) Le fondeur fabrique le jeu de masque pour fabriquer la
puce. Encore un ou deux millions de dollars à sortir juste pour les
masques... en priant très fort qu'ils soient bons du premier coup,
sinon, rebelotte : il faut casquer.
3) il faut sortir les puces (encore payer un lot de waffers, j'ignore
le prix mais moins il y en a plus cela coûte... et il y a deux mois
de fabrication à payer...). Ensuite, il faut faire le packaging
(encore payer mais là, on doit trouver pas trop, à quelques dizaines
de milliers de francs pour quelques dizaines de puces).
Après, il faut développer une carte de test (encore un cycle complet
en CAO électronique cette fois... je ne connais pas trop l'état de
l'art du libre en la matière mais par contre, le tarif de ce genre de
carte est souvent autours de 100 000 francs).
Ensuite, on débogue, on valide, et on corrige. Les machines qui font
cela coûte évidemment la peau du c...
Tout cela pour sortir une puce qui ne pourra être processée que par un
seul fondeur¹...
Enfin, le véritable hic, plus que le coût, est la performance : pour
concurrence, même un peu, les x86, il faut être un peu du même
niveau. Pour être de ce niveau, il n'y a pas de miracle : il faut
tuner au plus juste le cpu : cela veut dire :
- une architecture excellente (possible avec le f-cpu)
- une implémentation physique soignée aux petits oignons
(impossible : dépends de la techno justement... et de l'équipe
d'implémentation physique).
Pour info, pour réussir cela, Intel met deux équipes en parallèle et
en compétition sur chaque puce qu'ils produisent. Mieux, avant qu'une
ne soit finie, deux autres équipes commencent la suivante. Cela
demande des ressources *CONSIDÉRABLES*...
Impossible de rivaliser avec le f-cpu...
J'ai soulevé il y a quelques années le problème avec eux :
honnêtement, leur chef dont le nom m'échappe mais qui est un ancien de
mon ancien labo de micro-électronique en est conscient : son simple
but est de fournir un code VHDL vaguement synthétisable sans soucis de
véritables performances.
Techniquement parlant, cela en fera un bon DSP. À des années-lumières
en perf d'un x86... et qui pourra servir de core à d'autres fondeurs
qui le désireraient pour faire de l'embarqué.
C'est *tout*.
> > La philosophie du LL repose sur le fait qu'il n'y a pas de produit
>
> <<La GPL appliquée à l'industrie microélectronique :
> "propriété intellectuelle ouverte "
>
> le projet Freedom CPU >>
Ce n'est pas parce que tu tentes de faire quelque chose que cette
chose est possible.
Pour parler plus clairement, cela revient à créer une voiture sur
plan, libre, dont on ne connaît pas les performances, si elle
fonctionnera vraiment une fois construite, si elle pourra être un jour
construite dans une chaîne de fabrication, etc.
Cela fait beaucoup trop de si pour vraiment intéresser un constructeur
automobile...
PK
PS : il n'empêche que c'est un projet et que comme tout projet, il est
respectable.
¹ : modulo les accords actuels entre certains fondeurs qui font des
technos compatibles entre eux.
--
|\ _,,,---,,_ Patrice KARATCHENTZEFF
ZZZzz /,`.-'`' -. ;-;;,_
mailto:p.karatchentzeff@free.fr
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