Re: Cloche sonore du terminal

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Auteur: Patrice Karatchentzeff
Date:  
À: guilde
CC: GUILDE
Sujet: Re: Cloche sonore du terminal
<mode nostalgie>

En vérité, c’était Jack Dennis qui avait convaincu Peter Samson des
immenses possibilités du TX-0 en
matière d’applications audio. Bien que celui-ci ne permît pas de
commander la hauteur, la dynamique
ou le timbre d’un son, il existait une manière d’agir sur le
haut-parleur – en travaillant sur le
quatorzième élément binaire des mots de dix-huit éléments binaires
dans l’accumulateur que le TX-0
gérait à la microseconde près. Il émettait un son, ou pas, selon que
l’élément binaire 14 était codé en 1
ou en 0. Samson s’engouffra ainsi dans la brèche en écrivant des
programmes capables de générer des
fréquences de différentes hauteurs de son.

À cette époque, peu de gens avaient tenté des expériences musicales
avec l’ordinateur, et leurs rares
recherches réclamaient de très lourds calculs afin que la machine
puisse émettre une pauvre note.
Samson, d’autant plus impatient qu’on lui opposait un scepticisme
certain, voulait plus que tout faire
jouer de la musique à un ordinateur. Ainsi apprit-il à maîtriser ce
fameux « élément binaire » décisif
(dans l’accumulateur) qui devait lui conférer la même autorité que
Charlie Parker au saxophone. Dans
une version ultérieure de ce programme musical, Samson glissa
subrepticement un message signalant
une erreur dans la syntaxe de programmation. Le Flexowriter délivrait
alors une portion de ruban rouge
avec ces mots: « L’erreur est humaine et pardonnable à qui n’est pas Dieu.»

Lorsque des non-initiés écoutèrent les mélodies de Jean-Sébastien Bach
reproduites en signaux carrés
monodiques, sans le moindre accompagnement, ils restèrent évidemment
de marbre. La belle affaire!
Trois millions de dollars claqués dans une machine géante qui sonnait
moins bien qu’un piano jouet à
cinq dollars! Impossible d’expliquer à tous ces profanes que Peter
Samson venait de surpasser la
manière dont on faisait de la musique depuis l’aube des siècles.
Jusqu’ici, la musique consistait à créer
des vibrations de l’air qu’on appelait un son. La nouveauté du
programme conçu par Samson, c’était
que la musique résidait dans une vaste masse d’informations chiffrées
chargées dans l’ordinateur. On
pouvait s’abîmer des heures durant dans la lecture de ce code sans
jamais deviner où se trouvait la
musique. Celle-ci n’apparaissait qu’à la suite de millions d’échanges
de données dans l’accumulateur,
brefs et factuels, qui s’effectuaient dans les entrailles de métal et
de silicium du TX-0. Samson avait
demandé à l’ordinateur, qui n’avait aucun savoir préalable de la voix,
d’apprendre à chanter; ce que fit
le TX-0.
</off>

D'après l'Éthique des Hackers, de Steven Levy.

Pour info : https://en.wikipedia.org/wiki/TX-0

Le reste du livre est de la même eau : on découvre un Steve Jobs qui
fait de l'Open Source avec l'Apple I (Si, si !) et Bill Gates qui
râlent contre les gros méchants hackers qui ne veulent pas lui payer
son BASIC (qu'il a lui-même largement pompé ailleurs).

Comme quoi, il y a des gens qui ont beaucoup changé après.

Et d'autres pas.

PK

Le mar. 4 janv. 2022 à 10:59, Haricophile <haricophile@???> a écrit :
>
> Le Tue, 4 Jan 2022 07:39:37 +0100,
> Frédéric <fma38@???> a écrit :
>
> > Bon, en fait, ce qui m'intéresse, c'est l'affreux son du bip tel qu'il
> > était avec le buzzer de la carte mère, justement ;o)
> >
> > J'imagine que ça doit être un bon gros signal carré... Quelqu'un
> > saurait-il à quelle fréquence il est, et quelle est sa durée ?
> >
> > Merci d'avance.
>
> Il faut déjà qu'il y ait un buzzer sur la carte mère ce qui n'est pas
> systématique :)
>
> La fréquence et la durée sont programmable. Ça fait une éternité (à
> l'échelle informatique) que je ne me suis pas penché sur la question.
> Le mieux est d'essayer : mon bip système est programmé en Sol-3 pour 1/3
> de secondes environ.
>
> À l'époque de mon PC XT, donc après 1984 ;) j'avais du programmer des
> petites musiques à la manière des vieux flippers électriques. L'idée
> est de faire des arpèges extrêmement rapides qui donnent une impression
> de polyphonie. Les pseudo-musiques vintages qui utilisent plusieurs
> fréquences sont une grossière supercherie et une atteinte à la pureté
> artistique !
>
>



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      |\      _,,,---,,_           Patrice KARATCHENTZEFF
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