Extrait de « Malheur Aux Vaincus » (p.165-167), Philippe Labarde &
Bernard Maris, Albin Michel, 2002.
Linux, le logiciel libre. Linux est un outil collectif
dont chacun peut profiter librement et que chacun
peut modifier à loisir. Chacun est libre de décorti-
quer le logiciel en accédant au code source. Il n'a
aucun secret de fabrication. Ensuite, chacun est
libre de l'améliorer, de le modifier ou de l'adapter
à ses besoins. Une condition : tous les changements
doivent être rendus publics. Pour nombre d'États,
Linux est devenu un moyen d'éviter une dépen-
dance trop grande par rapport au monopole de Bill
Gates. En France le logiciel équipe le ministère de
la Culture et la Direction générale des impôts.
Tiens : le 28 août 2001, IBM a décidé de l'adopter
pour toutes ses opérations boursières. Pourquoi?
« Parce que c'est le plus efficace (1). » N'importe qui
peut trouver des versions gratuites de Linux et peut
le vendre. Ceux qui téléchargent Linux cherchent
à l'améliorer. Bizarre, cette économie du « don »,
non? D'après Steve Ballmer, PDG de Microsoft,
« Linux est un cancer ». D'après Bill Gates, ex-PDG,
« une entrave à la liberté du commerce ».
Exact. La gratuité est une atteinte à la rapacité de
gens comme lui qui ont su récupérer l'invention
d'autrui pour la mercantiliser. Le logiciel libre
Linux représente un travail collectif, le goût inhé-
rent à l'humanité d'inventer et de progresser. Bien
entendu Linux fonctionne mieux que Windows,
rendu de consommation obligatoire par Microsoft.
Le logiciel libre est la preuve que la coopération est
supérieure à la concurrence.
Qu'est-ce qui empêche de développer le modèle
Linux vers les médicaments ?
Ah, on oubliait. Le logiciel libre est tout simple-
ment le principe de la recherche scientifique, qui
repose sur un processus de découverte, de justifica-
tion, de transparence, de contrôle par les pairs,
bref, de don. Les vrais chercheurs sont des don-
neurs. Allègre et autres thuriféraires de la création
d'entreprises sont des épiciers (pardon pour les épi-
ciers qui nous rendent bien service, et qui n'écri-
vent pas « chercheur » sur leur boutique). Le
marché accapare la recherche libre. Le marché,
c'est le vol.
(1) Libération, 3 septembre 2001.
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Frederic