[Pour Info] interview de Steve Ballmer (Pdt M$) dans Le Mond…

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Auteur: Gilles.Foucault
Date:  
À: guilde
Sujet: [Pour Info] interview de Steve Ballmer (Pdt M$) dans Le Monde
source: http://www.lemonde.fr/article/0,2320,seq-2058-33872-QUO,00.html

La stratégie de Microsoft pour s'adapter à l'ère d'Internet
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Dans un entretien au « Monde », Steve Ballmer, président de la firme,
explique pourquoi il a demandé à ses employés de réinventer
l'entreprise. Le numéro un mondial des logiciels, qui fait l'objet
d'une plainte antitrust, s'estime vulnérable dans le nouveau monde de
la communication
Christophe Jakubyszyn [27]mediateur@???
Mis à jour le mercredi 8 décembre 1999

« Dans le procès que vous a intenté l'Etat américain, vous avez
accepté récemment la désignation d'un médiateur. Etes-vous prêt à
négocier avec le gouvernement, qui vous accuse d'avoir abusé de votre
position dominante pour imposer votre logiciel de navigation sur
Internet ?

- Nous aimerions beaucoup mettre un terme à la procédure judiciaire.
Pour le moment, nous ne savons pas ce que le gouvernement réclame. La
nomination du médiateur Richard Posner offre l'opportunité d'en
discuter, mais il n'a pas le pouvoir de nous imposer un compromis.
Nous avons un certain nombre de principes sur lesquels nous refusons
de transiger, comme le droit d'améliorer la qualité des produits
proposés aux consommateurs. Or c'est ce droit que le gouvernement
semble nous dénier, puisqu'il nous a attaqués pour avoir incorporé un
navigateur Internet dans Windows, notre système d'exploitation.

- Le juge Jackson estime que Microsoft a utilisé sa « puissance de
marché prodigieuse et ses profits immenses »pour étouffer dans l'oeuf
certaines innovations de vos concurrents. Accepteriez-vous un
compromis prévoyant l'éclatement de votre entreprise en plusieurs
sociétés, comme cela s'est produit dans d'autres procès antitrusts ?

- Il n'y a aucune loi aux Etats-Unis qui impose une limite aux
bénéfices, et le gouvernement n'a d'ailleurs pas demandé au juge de se
prononcer sur nos profits. Grâce à ceux-ci, nous investissons chaque
année 3,8 milliards de dollars de recherche et développement, dont
3 milliards dans les technologies Internet. Microsoft est le principal
contributeur à la recherche technologique pour la nouvelle économie.
Quant à l'hypothèse d'un éclatement de Microsoft, nous l'excluons
complètement. C'est l'intérêt du consommateur d'avoir une parfaite
compatibilité entre nos systèmes d'exploitation et nos logiciels.

- Vous êtes président de Microsoft depuis dix-huit mois, qu'avez-vous
découvert ?

- Qu'il fallait réinventer l'entreprise pour que nous restions au
premier rang mondial. C'est la raison pour laquelle Bill Gates et
moi-même avons annoncé une vaste réorganisation en mars, et de
nouveaux modèles de croissance. Au début des années 90, nous voulions
contribuer à placer un ordinateur sur chaque bureau et dans chaque
maison. La généralisation de Windows a contribué à la réalisation de
ce rêve. Demain, nous voulons permettre à chacun d'accéder à ses
applications et à ses informations n'importe où, n'importe quand et à
partir de n'importe quel terminal.

» Cela signifie que nous devrons être capables d'offrir des services,
et non plus seulement de vendre des logiciels. En utilisant les
services de Microsoft, vous pourrez, par exemple, retrouver votre
environnement de travail et vos logiciels bureautiques habituels, en
vous connectant au réseau Internet. C'est une véritable révolution que
je demande aux employés de Microsoft, de même ampleur que celle qui a
vu l'émergence de Windows comme système d'exploitation universel.

- Vos concurrents Linux et Sun Microsystems ont inventé des nouveaux
modèles économiques fondés sur la disponibilité des codes sources et
la gratuité des logiciels. Microsoft fera-t-il de même ?

- Il n'y a rien de gratuit dans la vie des affaires. Ceux qui se sont
lancés dans ce modèle investissent en fait dans l'acquisition d'une
clientèle. Pour Microsoft, les solutions logicielles offertes sur nos
portails Internet (MSM, WebTV) seront, selon les secteurs, soit
facturées sous forme d'abonnement, soit financées indirectement par la
publicité. Et nous continuerons aussi de vendre nos logiciels, selon
le modèle traditionnel. Quant à la disponibilité des codes sources,
Microsoft ne peut pas se le permettre.

- A l'avenir, nous n'aurons donc plus besoin d'ordinateurs personnels,
mais de simples terminaux d'accès au réseau ?

- Non. Vous aurez toujours besoin d'un PC, avec ce que cela implique
de mémoire, de système d'exploitation, de capacités de traitement de
l'information. Les applications complexes, la gestion d'images, la
nécessité de stocker l'information, nécessiteront l'utilisation d'un
PC, qui d'ailleurs n'est pas beaucoup plus cher qu'un terminal. Le
seul défaut des PC est encore leur complexité d'utilisation. La sortie
de Windows 2000 en février, et de sa version grand public douze mois
plus tard, devrait améliorer cet aspect.

- Les téléphones portables de troisième génération et les
organisateurs de poche vont venir concurrencer les ordinateurs pour
accéder à Internet. Ne craignez-vous pas que, pour l'utilisateur, le
type de logiciels ou de machines aura moins d'importance que le
service rendu ?

- Vous voulez dire que les utilisateurs pourraient se reposer
entièrement sur les opérateurs de télécommunications, sans se
préoccuper des logiciels utilisés ? C'est un important facteur de
risque pour l'ensemble de l'industrie du logiciel. Mais nous pensons
que c'est justement notre mission d'offrir des solutions logicielles
suffisamment performantes pour qu'elles soient exigées par les
utilisateurs ou par les opérateurs qui se livreront une concurrence
sur la qualité du service offert.

- Pour le moment, la part de marché de Microsoft est assez faible dans
le domaine des nouveaux outils de communication.

- Vous voyez que notre position n'est pas si dominante... Oui, c'est
vrai, Windows CE, le petit frère de Windows, a des parts de marché
modestes, aussi bien dans le domaine des agendas de poche que des
téléphones portables. Nous travaillons à améliorer cela. Nous avons
d'ailleurs l'habitude d'être numéro deux ou trois sur un marché et
d'améliorer progressivement notre position.

- Quel sera l'impact à long terme d'Internet sur l'économie ?

Incroyablement positif. Mais je crois que nous assisterons à une série
de vagues et de reflux. Il y aura des périodes de désillusion, puis de
retour de flamme. Je reste persuadé que nous sommes dans une période
d'investissement excessif et qu'il y aura des corrections, notamment
aux Etats-Unis. L'aspect positif de cette situation, c'est qu'il n'y a
aucune difficulté à trouver des capitaux pour investir et financer des
start-up aux Etats-Unis. »

     Propos recueillis par Christophe Jakubyszyn, Enguérand Renault et
   Anne-Marie Rocco