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http://www.isoc.asso.fr/AUTRANS99/99cr.htm
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Table ronde - Internet et les logiciels libres: quel sens technique et
économique
Vers une utilisation généralisée
des logiciels libres'
L'utilisateur qu'il soit particulier ou professionnel est peu informé sur
les logiciels libres. A titre indicatif, seulement un tiers des personnes
présentes à la table ronde Internet et les logiciels libres en avaient
entendu parler avant 1997. D'après les critères de l'AFUL, « les logiciels
disponibles sous forme de code source, librement redistribuables et
modifiables », sont considérés comme des logiciels libres.
Autrans, 8 janvier 1999.- Bernard Lang, directeur de recherche à l'INRIA,
remarquait que lorsque quelqu'un définit un nouveau standard, il exerce un
monopole sur les futurs produits. C'est une logique qui régit le monde du
logiciel. Les logiciels libres sont de plus en plus utilisés et développés
par des bénévoles. Parfois ce sont des logiciels techniquement complexes,
hors de portée d'une seule personne. Ce sont donc de grosses équipes qui les
réalisent, sans avoir la possibilité de contrôler leur diffusion et leur
usage. « Les logiciels libres respectent scrupuleusement les standards,
c'est une des condition de leur diffusion, donc de leur survie », a expliqué
Bernard Lang. Le respect des standards favorise en outre la concurrence sur
le marché, ainsi de meilleurs produits peuvent se dégager.
« Les entreprises de logiciels libres peuvent avoir peur d'utiliser une
technologie déjà brevetée. Une Europe qui s'affirme sur le scène
internationale est une Europe qui défend les logiciels libres et qui exclut
les brevets. Ainsi les Européens peuvent développer librement », soulignait
Bernard Lang. Le système américain qui consiste à déposer un brevet pour un
curseur qui clignote, n'est donc pas acceptable en Europe étant donné que la
propriété intellectuelle est garantie par la loi.
Laurent Chemla, secrétaire de l'Ecole ouverte d'Internet dit: «Quand on veut
former des gens, on peut se demander s'il faut apprendre aux gens à se
servir uniquement des logiciels commerciaux. Ce n'est pas parce que les
enfants iront plus tard manger chez Mc Donald's qu'il faut installer des Mc
Do dans toutes les écoles». Derrière cette image, Laurent Chemla défend un
Internet plus coopératif, avec un développement de l'utilisation des
logiciels publics plutôt que professionnels.
Les avantages des logiciels libres ne sont pas négligeables : la personne
qui se forme dans une école peut librement emporter le logiciel et son
travail à la maison. « Pour les entreprises, cela se traduit en termes de
coûts » a fait remarquer Jean-Paul Smets. Par poste, c'est environ 3.000 F
que l'on économise. Cette somme permet de faire vivre des formateurs, des
développeurs, et des SSII qui vont faire du bénéfice avec des logiciels
libres. Actuellement, Unix équipe 17% des serveurs d'entreprise et est jugé
beaucoup plus fiable que les produits de la concurrence. Et les entreprises
qui développent sous Unix ont profité de ce dynamisme. Alors que Windows NT
connaît une croissance à deux chiffres en matière d'équipement dans les
entreprise, Linux a progressé de 212% dans le même temps.
S'il est vrai que les logiciels libres comme Linux sont des produits
d'experts, il faut partir du principe que le meilleur logiciel est celui que
tout le monde va utiliser. Netscape Communicator est libre, celà lui permet
de se maintenir sur le marché face à son concurrent principal qui lui est un
logiciel propriétaire. Ainsi le marché n'est pas prisonnier, les
utilisateurs peuvent améliorer le produit.
La sécurité remise en question
«Les logiciels libres n'ont pas la complexité des logiciels commerciaux.
Mais ils ont un niveau de protection bien supérieur», affirme Hervé Schauer
consultant en sécurité. Selon lui, un code ouvert permet la découverte et la
correction par les experts en informatique d'une société XYZ d'erreurs
parfois graves en matière de sécurité. Du côté des logiciels propriétaires,
ils n'ont pas le temps de les corriger tous les bugs pour sortir leur
produit à date. Dans l'exemple de SSH v.1.0, logiciel qui crée un
pseudo-serveur local qui utilise le chiffrement, des erreurs ont été
corrigées récemment. Une version corrigée est depuis disponible en ligne.
Tout le monde comprend l'intérêt de pouvoir accéder à la programmation du
logiciel pour pouvoir corriger les bugs si l'on est en mesure de le faire.
Les anciens et futurs utilisateurs en tireront bénéfice. « Pour arriver à ce
résultat, une entreprise propriétaire de son logiciel devrait mettre en
oeuvre des moyens conséquents pour arriver au même résultat. C'est pour ça
que j'en suis arrivé à conseiller des logiciels libres pour des questions de
sécurité », dit-il.
La sécurité des réseaux a suscité un début de polémique « Pourriez vous me
dire ce que vous pensez des trappes volontaires dans les logiciels de
sécurité ' », demande Jean-Michel Yolin, auteur du rapport "Internet et PME,
mirage ou opportunité '. « C'est une réalité, il y en a régulièrement tout
comme il existe des trous de sécurité dans les télécommunications »,
reconnaît Hervé Schauer.
Les logiciels libres ne sont pas des produits classiques du fait qu'il n'y a
pas de logique de rentabilité, mais de diffusion. La durée de vie du
programme est augmentée car il n'est pas nécessaire de refaire le programme
tous les ans, lorsqu'une nouvelle version est prévue. « Linux fonctionne
même sur un 386, et permet d'utiliser encore plus efficacement un matériel
moderne. Un ordinateur portable vieillit moins vite si l'on installe des
logiciels libres, et le problème d'achat de la licence d'utilisation ne se
pose plus... Mon portable est toujours un 486 monochrome ! », explique
Laurent Chelma. Parmi les expériences alternatives, signalons que le Mexique
va installer Linux dans 1500 lycées du pays, pour des raisons davantage
politiques qu'économiques. « Le pouvoir politique devrait prendre en compte
que les utilisateurs du réseau veulent que certains usages se développent,
ou plutôt ne meurent pas. Si Internet devient un enjeu de société, c'est une
question qui se pose », a souligné en conclusion Jean-Paul Smets, chargé de
mission NTIC de la DRIRE Lorraine.
Frédéric Huiban
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