L"UNESCO et la FSF

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著者: guilde
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To: guilde, Philippe.CHAISEMARTIN
新しいトピック: Re: L"UNESCO -> developpement "libre"
題目: L"UNESCO et la FSF
Tiré de fr.comp.os.linux et sans commentaire tant cela est navrant
d'incompétences et d'erreurs (ou bien est-ce volontaire?)

PatriceJe viens de recevoir un article écrit par Bruno de PADIRAC,
fonctionnaire international à l'UNESCO, envoyé par e-mail à tout le
personel (environ 1500 personnes) de cette institution.

Ce document critique de manière grave l'Informatique Libre ("pirate,
copiage de logiciels propriétaires, etc.)... !

Je me permets de publiposter cet article sur les groupes de discussion
des communautés éducatives, Linux, sous oublier les partisans d'un
Internet coopératif, etc ; afin que chacun puisse être informé de
l'argumentaire développé actuellement, au sein des institutions, par les
partisans des systèmes copyrightés et propriétaires.




L’UNESCO
POUR LES LOGICIELS " LIBRES " ET
CONTRE LES LOGICIELS CLASSIQUES ?

Par Bruno de Padirac



UNE QUESTION CONTROVERSEE …

1.    Dans le cadre de son programme en matière de communication,
d’information et d’informatique, l’UNESCO peut-elle faire la promotion
des logiciels libres (en anglais " free software" ou " open source
software ") ? A cet égard, l’article publié dans la revue Le Courrier de
l’UNESCO, de juin-juillet 1998 (nouvelle formule), envoyée à tous les
membres du personnel, sur le logiciel libre LINUX, malgré le souci
d’objectivité de cet article, ne révèle pas tous les enjeux du conflit
entre logiciels " libres " et logiciels classiques. Promouvoir les
logiciels libres est-elle une simple modalité d’exécution du programme à
l’initiative du Secrétariat de l’Organisation ou une décision politique
relevant de ses organes directeurs, seuls habilités déterminer la
compatibilité d’une telle promotion avec les principes et idéaux de
l’Organisation ? L’UNESCO peut-elle redistribuer certains logiciels
libres développés par des auteurs indépendants extérieurs à
l’Organisation en les mettant à la disposition de ses partenaires et du
public en général, gratuitement sur son site Web ou à prix coûtant sur
CD-Rom ? Une telle décision ne devrait-elle pas être précédée par un
vaste débat au sein du Secrétariat et des organes directeurs et par des
études, notamment juridiques, sur le concept de logiciel libre, sur les
enjeux réels du conflit entre partisans des logiciels libres et éditeurs
de logiciels classiques, sur le rôle de l'Organisation compte tenu de
ses idéaux et principes d’action ? Des fonctionnaires de l’Organisation
peuvent-ils critiquer explicitement des sociétés d’édition de logiciels
commerciaux comme Microsoft et son Président, M. Bill Gates, dans des
forums publics ? Peuvent-ils se faire les échos des déboires juridiques
de Microsoft sur la messagerie électronique interne de l’Organisation
(liste " internet_l@??? ") ? N’y a-t-il pas un risque de voir se
renouveler la fâcheuse expérience du NOMIC (Nouvel Ordre Mondial de
l’Information et de la Communication) qui a valu à l’UNESCO le départ de
trois Etats membres en 1986 ?


2.    Beaucoup d’entre nous pensons peut-être que ces logiciels, qualifiés
de " libres ", seraient tous développés par des étudiants ou de jeunes
ingénieurs totalement désintéressés et pour le seul amour de
l’informatique, seraient distribués gratuitement pour favoriser la
liberté de communication et seraient utilisables par des néophytes dans
une société de l’information plus démocratique. Ce n’est pas tout à fait
le cas. Le qualificatif " libre " est ambigu en raison du double sens du
mot " free " qui, en anglais, signifie " libre " et " gratuit ". Cette
ambiguïté servirait-elle à camoufler une histoire de gros sous et de
lutte pour le pouvoir dans le cyberespace ?


POUR COMPRENDRE …

3.    Pour comprendre les enjeux de cette affaire, il est indispensable de
définir le concept de logiciel libre et de présenter quelques logiciels
que leurs développeurs ou partisans, à raison ou à tort, qualifient de
libres en les opposant aux logiciels commerciaux. Parler de logiciels "
commerciaux " pour désigner tous les logiciels autres que libres est un
abus de language introduisant un biais dans le débat : en effet il est
toujours plus noble de défendre la liberté et la créativité que le
commerce et le profit. Nous utiliserons à la place de " commercial " le
qualificatif de " classique ". Un logiciel classique est un programme
informatique complet qui a été développé par une société spécialisée
d’édition et qui est vendu, directement par cette société ou par un
intermédiaire en boutique, à l’utilisateur final en version exécutable
empêchant sa modification, avec interdiction de le copier pour le
redistribuer. Sa copie privée est autorisée à titre de copie de
sauvegarde. Un logiciel classique bénéficie en effet de la protection
juridique de la propriété intellectuelle soit par le copyright (droit
anglo-saxon) soit par le droit d’auteur (droit latin). Word,
WordPerfect, Excel, Access, Outlook sont des logiciels classiques.
Maintenant revenons au concept de logiciel libre.


4. Un logiciel libre est un programme développé initialement par un
informaticien indépendant qui le met à la disposition des utilisateurs,
en version exécutable ou en version code-source, sur des serveurs
informatiques afin que ceux-ci puissent le télécharger sur leur
micro-ordinateur presque sans frais. Ces utilisateurs peuvent être soit
d’autres programmeurs si ce logiciel n’est pas une version définitive,
soit des utilisateurs finaux si c’est un produit fini. En pratique les
logiciels libres les plus performants sont payants. Ce prix sert en
principe à couvrir les frais de distribution et, le cas échéant, de
support technique mais ne rémunère pas de droits d’auteur (i.e. droits
patrimoniaux). Normalement, ce qui les distingue des logiciels
classiques est d’être livrés avec leur code-source ; ce code est écrit
dans un langage de programmation de haut niveau, qui seul permet à un
programmeur de modifier le logiciel. Les logiciels libres sont en effet
modifiables et redistribuables sous certaines conditions. Beaucoup de
logiciels libres sont d’excellents produits, même si leur convivialité
est souvent critiquable et leur utilisation réservée aux professionnels
de l’informatique. Mais il est regrettable que certains logiciels libres
aient été développés de façon illicite à partir de logiciels classiques
détournés moyennant quelques modifications. Les auteurs des logiciels
libres sont souvent à l’origine des pirates et, même s’ils ont acquis
une certaine respectabilité, beaucoup restent opposés à la notion
d’oeuvre propriétaire pour un logiciel. Compte tenu de son mandat en
matière de droit d’auteur, l’UNESCO peut difficilement coopérer avec
ceux-ci dans l’état actuel de leurs idées.

5. Mais la réalité est plus complexe, car sous le vocable de logiciels
libres sont également offerts des logiciels livrés sans leur
code-source. Sans rentrer dans des distinctions juridiques compliquées,
le critère de libre copie s’applique à trois catégories de logiciels :
les logiciels à source publique, les logiciels à licence d’utilisation à
titre gratuit et les logiciels à licence d’utilisation à titre onéreux.

(a) Les logiciels à source publique (" open source software ") ont leur
code-source divulgué par l’auteur, celui-ci renonçant à maîtriser
l’évolution des futures versions sur le marché. Ces logiciels
comprennent, d’une part, les logiciels simplement placés dans le domaine
public sans protection particulière ; et, d’autre part, les logiciels
faisant l’objet d’une protection juridique préalable par le " copyright
", complétée par une licence de " copyleft " qui est un mode de
distribution original autorisant la redistribution gratuite de l’œuvre
mais empêchant un utilisateur de se l’approprier et de la commercialiser
après modification. Deux exemples : pour le premier type, le logiciel de
cryptologie " Pretty Good Privacy " (PGP) développé par Philip
Zimmermann mais récupéré et commercialisé ensuite par d’autres ; et,
pour le second type, le logiciel d’exploitation LINUX développé
initialement par Linus Torvalds et promu principalement par Richard
Stallman.

(b) Les logiciels à licence d’utilisation à titre gratuit (logiciels à
licence en " freeware " ou graticiels en français), sont diffusés par
libre copie et leur utilisation est gratuite mais leur modification est
interdite ; le code-source de ces logiciels n’est pas divulgué car
l’auteur se réserve la faculté de commercialiser l’œuvre en cas de
succès.

(c) Les logiciels à licence d’utilisation à titre onéreux regroupent,
d’une part, les logiciels à licence en " shareware " (distribuciels ou
partagiciels en français) autorisant la reproduction gratuite d’une
version non bridée dans ses fonctionnalités ou dans le temps, pour
effectuer un libre essai pendant une certaine période avant l’achat ;
et, d’autre part, les logiciels à licence en " crippleware ", également
à finalité marchande, mais divulguant une version qui ne sera
fonctionnelle que le temps de la période d’essai. Le code-source de ces
logiciels n’est évidemment pas divulgué. En payant la licence,
l’utilisateur a le droit, outre à une version pleinement fonctionnelle,
à des avantages comme un manuel imprimé et la promesse de futures mises
à jour.

LIBERTE … DE FAIRE DE L’ARGENT ?

4. Maintenant examinons quels sont les enjeux commerciaux et sociétaux
des logiciels libres, en particulier de ceux appartenant aux deux
premières catégories explicitées ci-dessus. Les logiciels libres au sens
strict (catégorie (a) précitée) et les logiciels classiques sont en fait
tous les deux des produits commerciaux au sens juridique, les premiers
modifiables par l’utilisateur (s’il est un programmeur informaticien ! !
!), les seconds ne l’étant pas. En effet, croire que les développeurs et
distributeurs de logiciels libres agissent bénévolement et de façon
totalement désintéressée heurte le bon sens (comment ces gens vivent-ils
?) et est une grave naïveté démentie par les faits. En effet la logique
des logiciels libres pousse certains développeurs bénévoles à se
convertir en sociétés de support technique dont les services sont
payants. D’autres sociétés se créent pour redistribuer certains
logiciels libres complétés par des logiciels classiques ou intégrés dans
des systèmes complets payants (voir les sociétés américaines RedHat ou
Caldera ou encore la société française Logiciels du Soleil qui vendent
des systèmes complets avec applications tournant sous le système
d’exploitation libre LINUX).

7.    Les auteurs indépendants de logiciels à licence d’utilisation à
titre
gratuit (catégorie (b) précitée) souhaitent souvent acquérir une
certaine notoriété pour se lancer ensuite dans la commercialisation
d’une version améliorée ou de logiciels à fonctionnalités
complémentaires. La mise à disposition d’un produit gratuit peut aussi
être le moyen d’entraver le fonctionnement normal du marché en créant
des habitudes de consommation et en imposant une technologie
propriétaire : la société Microsoft a distribué gratuitement son
navigateur Explorer pour évincer son concurrent direct Netscape sur le
marché de l’Internet.


8.    La société Netscape a réagi en rendant public le code-source de son
navigateur Communicator autorisant tous les programmeurs dans le monde à
améliorer le produit et même à commercialiser leurs améliorations sans
payer de redevances à Netscape pour autant qu’ils lui communiquent ces
améliorations permettant à la société de les incorporer dans la
prochaine version de Communicator. Netscape a juste accru son équipe de
chercheurs d’environ 250.000 programmeurs !


9. On comprend maintenant pourquoi les logiciels libres sont soutenus
par de puissants lobbies. Ceux-ci ont établi des associations actives et
des sites attractifs dont le but explicite de concurrencer le marché des
logiciels classiques développés par des sociétés spécialisées d’édition
comme Microsoft, la bête noire des adeptes des logiciels libres, ou Sun
et son associé IBM. On peut citer l’Association francophone des
utilisateurs de Linux et des logiciels libres (AFUL), site www.aful.org
; la Free Software Foundation, dirigé par Richard Stallman, un des
inventeurs du concept de logiciel libre, site www.gnu.org ; ou encore
l’Open Source Organization, site www.opensource.org . Une chartre dite "
Licence publique générale " (GNU/GPL) a été formalisée par la Free
Software Foundation à l’intention des développeurs de logiciels libres
pour garantir le droit de tous leurs utilisateurs de les copier,
distribuer et modifier librement et pour empêcher un redistributeur de
s’arroger un droit de propriété par l’acquisition d’une licence
commerciale. La GPL est un exemple de cette licence originale de "
copyleft ". Mais cette chartre de bonne conduite n’a aucune valeur
contraignante et d’autres chartres ou licences compatibles avec la
définition d’un logiciel libre existent (e.g. BSD, X Consortium, MPL et
les licences " artistiques ").

" LES MARCHANDS DU TEMPLE " DANS L’UNESCO ?

10. Il est évident qu’il n’appartient pas à l’UNESCO de prendre partie
dans cette lutte commerciale en faisant la promotion des logiciels
libres ou, pire, en assurant la redistribution de certains de ces
logiciels, que ce soit sur son site Web ou sur support CD-Rom. Elle ne
peut non plus cautionner les vues des opposants au droit de la propriété
intellectuelle. La Conférence générale ne lui a donné aucun mandat pour
ce faire. Par contre, l’UNESCO pourrait inviter au Congrès Infoéthique
tenu à Monaco en octobre 1998 un des développeurs ou partisans des
logiciels libres comme Richard Stallman et un des grands capitaines de
l’industrie télématique comme Bill Gates, Président de Microsoft, en
tant qu’orateurs principaux, afin de lancer un vrai débat sur la cession
des codes-source, sur les services de soutien technique et sur la
pérennité des logiciels classiques rendus obsolètes chaque année par une
course aux améliorations, souvent sans intérêt pour les utilisateurs.
N’avoir un représentant que d’un des deux camps serait évidemment
incompatible avec la neutralité exigée de l’Organisation en matière
commerciale. Mais pour avoir une chance que Bill Gates accepte une telle
invitation, il faudrait que l’Organisation cesse de critiquer
publiquement l’intéressé par le biais de certains de ses fonctionnaires.

11. Par ailleurs, il serait souhaitable de demander à un juriste
spécialisé ou à une équipe de juristes de conduire une étude juridique
sérieuse sur les possibilités pour l’Organisation de promouvoir le
concept de logiciel libre, compte tenu, d’une part, des enjeux
commerciaux et sociétaux de la lutte entre logiciels libres et logiciels
classiques et, d’autre part, de l’universalisme et de l’indépendance de
l’action de l’Organisation et de ses idéaux de libre circulation des
informations et des idées. Un minimum de prudence paraît requis !
L’expérience fâcheuse du NOMIC (Nouvel Ordre Mondial de l’Information et
de la Communication) qui a mis en danger la survie de l’Organisation ne
doit pas se reproduire.

12.    Le statut de fonctionnaire international ne permet pas aux agents de
l’UNESCO de faire de la publicité pour des produits commerciaux,
fussent-ils des logiciels libres, ou de faire partie des associations
qui en font la promotion. Comme on vient de le voir, il y a trop
d’enjeux commerciaux et de luttes de pouvoir cachés derrière le concept
de logiciel libre. Il n’est pas plus acceptable que certains se fassent
l’écho régulièrement des déboires commerciaux ou juridiques de Microsoft
sur la messagerie électronique de l’Organisation où on peut lire des
messages intitulés par exemple " Linux already killed Windows NT Server
" ou " Antitrust lawsuits against Microsoft ".


13. Des observateurs extérieurs plus ou moins bien intentionnés
pourraient laisser entendre que certains fonctionnaires de l’UNESCO
feraient preuve d’une grave naïveté ou agiraient par intérêt financier
ou par soif de pouvoir, ce qui ne pourrait que ternir l’image de
l’Organisation. Il faut espérer que ces fonctionnaires n’ont agis
jusqu’à présent que par méconnaissance des enjeux réels de cette lutte
entre logiciels libres et logiciels classiques et des exigences liées à
leur statut de fonctionnaire et au mandat constitutionnel de
l’Organisation.

NE NOUS LAISSONS PAS ABUSER PAR LES MOTS !

14. Libre ne veut pas dire gratuit ou à la portée de tous mais forme
nouvelle de commercialisation d’un logiciel. Ce que confirme l’auteur du
logiciel libre de transport de courrier électronique Sendmail, Eric
Allman, quand il a dit en avril dernier à Palo Alto en Californie au
cours d’un congrès réunissant tout le gratin du logiciel libre " La
disponibilité du code source est simplement un autre modèle commercial
". Cette disponibilité favorisera les progrès de l’informatique mais
n’apportera rien aux non spécialistes de l’informatique, c’est-à-dire à
la quasi totalité des utilisateurs de micro-ordinateurs. Les partisans
des logiciels libres ne sont pas les nouveaux chevaliers défenseurs
d’une société de l’information plus démocratique. Beaucoup sont de
farouches opposants du droit de la propriété intellectuelle, n’hésitant
pas à commettre des actes illicites. Ils ne sont pas aussi désintéressés
qu’ils veulent le laisser paraître. Le Directeur de Linux International
(une association de distributeurs du logiciel libre Linux), Jon A. Hall,
a déclaré " Il y a véritablement de l’argent à faire avec Linux "
(There’s definitely money to be made in Linux).

Voulez-vous aider les développeurs et distributeurs de logiciels libres
à combattre le droit de la propriété intellectuelle et à faire de
l’argent ? Est-ce le rôle d’un fonctionnaire international ? Est-ce le
rôle de l’UNESCO ?



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